C'était un vendredi...

La soirée s’annonçait festive, joyeuse et nous avions des envies coquines… Nous découvrions un nouveau club libertin ce soir-là. Un sauna intimiste réservé aux couples et aux femmes seules.
Après un premier verre dans un bar en face du lieu, dit de débauche, nous entrons enfin dans ce club. Présenté comme le petit frère du Moon, nous y retrouvons l’inspiration zen et relaxante que j’avais découverte au Moon. Nous descendons au vestiaire et revêtons nos habits pour la soirée : paréo et… c’est tout !
Après un petit tour du lieu, un coin câlin fermé retient notre attention. De caresses profondes en baisers intenses, le plaisir nous submerge…
Douche, buffet puis jacuzzi s’ensuivent, puis mon libertin d’amant a le désir d’un peu d’exhibition. Cela tombe bien ce sauna dispose d’une salle dédiée à cela. Canapés contre tous les murs et un matelas géant au milieu de la pièce, je m’allonge dans ma nudité la plus totale et le libertin m’accompagnant offre aux regards des voyeurs les plaisirs qu’il me prodigue, les lumières tamisées et rouges sublimant mon corps voluptueux et offert.
Dans un coin de la pièce un couple nous regarde en parlant. Alanguie sur le matelas je retiens quelques mots relatifs à une quelconque affaire commerciale… Puis les voix se font plus basses, et aux portes du plaisir, je prends conscience de la présence d’un autre corps à côté de moi. Le couple nous a rejoints sur ce matelas géant et le monsieur octroie les mêmes plaisirs à sa partenaire.
Ce côte-à-côtisme se prolonge et les voyeurs sont plus nombreux. Un couple plus hardi s’approche de la dame et l’homme tente des caresses, au détriment de sa partenaire qui ne souhaite pas participer… Le monsieur insiste et la dame tient bon. Pas très respectueux ce libertin.
Mon amant m’honore et nous quittons ce lieu où exhibition et plaisirs se sont l’espace d’un instant croiser.
Nous nous dirigeons vers la douche et au loin nous entendons des sirènes de police de plus en plus proches, les gens semblent un peu animés mais nous ne prêtons guère attention à cette activité.
Lorsqu’enfin nous nous posons dans le salon, nous sommes attirés par un écran de télé. Des infos tournent en boucle et nous comprenons au brouhaha du club qu’il convient de quitter les lieux.
Ne saisissant pas sur le coup l’urgence, nous rejoignons les vestiaires et nous habillons pour sortir.
Ce n’est qu’une fois dehors que nous prenons conscience de l’intensité de la situation.
Des voitures qui roulent très vite, des gens qui veulent prévenir leur entourage « rentrez chez vous ! », et ces messages sur nos téléphones portables… Ces messages affolés qui nous font comprendre que la situation est grave. Nous trouvons une voiture et dans un silence quasi-total et une tension palpable nous essayons de rejoindre une route pour regagner nos domiciles respectifs.
Des policiers l’arme au poing, des patrouilles militaires dans Paris éteint, des sirènes d’ambulance, des routes barrées, je me demande s’il est possible de sortir de cette situation. Remords, regrets, angoisses, stress, je ne compte plus les émotions qui nous parcourent pendant le trajet de retour.
Une fois rentrée j’attends le sms de mon amant avant d’aller me coucher. Un coup d’œil à la télé me montre toute l’horreur de la situation… Un frisson me parcourt…
Le sms arrive, il est enfin bien rentré…
Je le remercie encore de ne pas m’avoir laissé de côté ce soir-là, d’avoir été présent, de m’avoir raccompagné. J’ai encore du mal à parler de cette soirée, lui aussi m’a-t-il confié… Je ne suis pas retournée dans ce club depuis… Il me rappelle trop cette sinistre date… Ce devait être une soirée joyeuse et coquine… C’était il y a un an… un 13 novembre 2015.