A la table du petit déjeuner, j'interroge un homme, souriant et fort urbain, avec qui je viens de passer la nuit :
- Mais, comment fais-tu ? Tu dis croire en dieu et suivre les préceptes de ta religion, mais je t'ai rencontré la semaine dernière dans une boite à cul.
- C'est un écart. Le premier et le dernier.
- Un écart ? Et cette nuit, c'était... ?
- Un écart aussi.
Sentez-vous comme moi le vent froid du mépris ? Je suis du mauvais coté de la barrière, du mauvais coté de la morale (ici religieuse), complice de l'écart que s'offre cet homme pour assouvir sa libido, en dehors des règles. En un mot, du coté du mal. Dans le regard de cet homme, mes désirs, tout comme les siens, sont entâchés du "crime". C'est sale. Je suis sale. Et à ce titre méprisable.
A un homme qui m'a, durant des mois, laissé entendre qu'il allait choisir entre sa femme et moi, j'ai un jour dit l'évidence : "personne n'a jamais quitté la Sainte Vierge pour Marie Madelaine". Un romancier s'y est bien essayé, mais il a du passé par le détour d'un vrai pavé pour tenter de nous convaincre. Sa femme, à force de continence (vraie ou prétendue) avait trouvé la place de la sainte qu'on ne quitte pas, surtout pour une sombre histoire de sexe. Met-on sa queue et ses couilles sur la table du repas dominical ? Bien sur que non. Et à l'ombre d'une vie apparemment lisse, installée dans le confort douillet et bourgeois d'un pavillon de proche banlieue, monsieur se déleste de son encombrante, et un peu honteuse libido, avec une maîtresse. En dehors des règles. A l'écart. Fantasmes habillement confiés à une Marie Madelaine, Marie couche-toi-là. Le mépris. Toujours le mépris.
Ce qui est amusant, c'est que j'ai été du "bon coté de la morale". Mariée, en couple. Et finalement mal-baisée. Voire pas baisée du tout. Ayant fini par préférer la mastubation aux assaults devenus (oui, devenus, car il y a toujours une période dorée) ennuyeux et routiniers de ma moitiée. J'ai été celle qui découvre un jour que son conjoint, soit disant peu porté sur la chose, a une vie sexuelle mais "autre", "ailleurs". Sans jamais avoir rien demandé à "sa femme", cette entité utile mais que l'on ne veut pas embarquer dans ce que l'on considère comme sale, déviant. Ce qui doit rester à l'écart. Hors la vie.
Ce qui m'a plut immédiatement dans le libertinage, c'est le sentiment puissant de liberté que j'y ai trouvé. La liberté de désirer sans faux semblant, la liberté de dire mon désir sans hypocrisie, d'entendre celui des autres sans jugement, la liberté d'essayer, de prendre ou de laisser. Cette liberté irrigue ma vie, la fait battre plus fort, plus vrai. Alors comment accepter d'être, encore, toujours, alliénée et réduite à une caricature par le désir de ces hommes qui ne s'assument pas et qui me tiennent... à l'écart, dans des quartiers réservés ?
Dulcinée
Qu’il soit célibataire ou marié, ce profil d’homme se retrouve souvent. Lavage de cerveau religieux et ou social, qui lui fait croire qu’une Femme qui aime l’amour doit être méprisée. Il fini par épouser une...